« Mon amant me délaisse
O gué, vive la rose
Je ne sais pas pourquoi
Vive la rose et le lilas »
Vous avez certainement encore dans les oreilles cette
antienne du dix-huitième siècle que Guy Béart remit au goût du jour dans les
années 80 avec son inimitable grain de voix à décoller le papier-peint et ses
interminables gratouillis de guitare…
La rose, on en bouffe à tous les repas depuis quelques
jours, avec le quarantième anniversaire de l’élection de François Mitterrand,
ce funeste 10 mai 1981 où un vaste geste d’inconscience populaire nationale
porta à la Présidence de la République le premier socialiste du cru.
Souvenez-vous, l’expérience socialiste débutait, et le
formidable espoir suscité par cette élection allait si vite retomber façon
soufflé au fromage trop cuit qu’on crut presque à un crash-test grandeur nature
de la France…
Le temps adoucit tout, et l’on célèbre avec tout le tralala
nécessaire l’accession au pouvoir de Dieu… Documentaires complaisants, et
rétrospectives teintées d’une émotion tout aussi frelatée que l’aréopage de
courtisans courbés qui voletait autour de Tonton pour quémander une faveur,
mendier une parole ou supplier un simple regard…
Il faut bien avouer qu’après le chuinteur de Chamalières,
les présidents successifs n’ont pas précisément été des cadeaux pour la France…
Le tringleur fou de Solutré, le croqueur de pommes, l’agité de l’épaule à
talonnettes, le culbuto sudoripare et le jupitérien tambourineur de
couscoussières hors d’âge… Vous parlez d’un palmarès !
Question palmarès, il faudra peut-être vous préparer
mentalement à voir figurer au pinacle eurovisuel notre Betty Mars 2.0… La
France est en effet en tête des pronostics à moins de deux semaines de la
grande sauterie paneuropéenne, après une première répétition décevante de
l’ex-grande favorite, Malte.
Faut dire que la maltaise a fait fort, dans tous les sens du
terme… Chorégraphie putassière et présentation scénique à base de couleurs
criardes et de costumes roses fluo… Quand on se présente avec un embonpoint
plus que conséquent, on opte plutôt pour des costumes sobres et sombres, pas un
attirail qui vous fait ressembler incontinent à des andouillettes fluo sponsorisées
plein pot par Michelin…
Ne stressez pas non plus… Comme à l’accoutumée, on caracole
en tête des pronostiqueurs, les répétitions sont immanquablement des succès
phénoménaux, les bookmakers sont é genoux tellement ils furent touchés par la
grâce, et au final, on se mange une gamelle mémorable dans le classement final…
Alors, ne remisez pas encore Marie Myriam avec une grosse boule d’antimites
dans la bouche…
La bonne nouvelle est que le Concours Eurovision aura bien
lieu, et avec un public certes restreint, mais présent, ce qui octroiera une
part de chaleur… Et qui permettra à certains fans de refaire coulisser le
mortadelle à chantilly dans les coulisses, un sport national durant les
semaines précédant le Concours…
L’autre bonne nouvelle, c’est le déconfinement annoncé par
Jupiter himself… Avec évidemment toute l’impréparation flagrante qui préside à
la gestion de crise depuis plus d’un an… Les seuils décrétés sont tout aussi
incompréhensibles qu’une règle de jeu de Guy Lux… Rajoutez-y le trompeur
sentiment d’impunité que procure l’injection du vaccin, et vous avez d’ores et
déjà les ingrédients d’une nouvelle vague…
En parlant de nouvelle vague, en aurons-nous une couleur
vert-de-gris au soir des régionales ? Marine Le Pen semble convaincue, et
elle fourbit son argumentaire moisi pour ratisser au plus large, des bas de
plafonds de son électorat habituel aux déçus de la Macronie… Et pour tenter de
contrer le bouledogue blond, le pouvoir délègue dans le Nord un autre
bouledogue, à peine moins homenasse que Marinette, mais avec du poil au menton
et sous les bras, notre ursin Ministre de la Justice… Echanges d’amabilités
sanglantes en vue…
Sinon, le reste de l’actualité est d’une banalité
affligeante tant elle ressasse toujours les mêmes sujets au moins autant éculés
que Beaugrand après quinze jours à Mykonos, à une lettre près…
Toujours des accusations d’agressions sexuelles lancées à la
volée contre l’une ou l’autre personnalité médiatique… Cette fois-ci, c’est
Eric Zemmour qui en fait les frais… Non mais sérieux ! Eric Zemmour !
La fouine fétide à la bobine émétique de rat musqué anémique… D’accord, vu sa
tronche, il ne doit pas tringler tous les jours…
Toujours de vertigineuses dénonciations de la part des
décérébrés de la cancel culture… Après les bouquins d’Agatha Christie, les BD
d’Hergé, tous deux taxés de racisme inacceptable, et la mise à mort de Pépé le
Putois, voici la Belle au Bois Dormant sous leurs fourches caudines, au
prétexte que le baiser du Prince Charmant n’était pas consenti, puisqu’elle
pionçait… Et désormais, pour la réveiller, on va employer une vuvuzela ?
Quand on croit toucher le fond, il se trouve toujours quelqu’un pour dégainer
la pelleteuse et creuser encore…
Pas besoin de s’employer aussi consciencieusement à détruire
notre imaginaire enfantin, la camarde s’en charge, puisqu’elle a rappelé
récemment à la Maison Mère Nick Kamen, ex-protégé de Madonna, à l’âge de 59 ans
seulement… Pour celles et ceux qui auraient oublié qui était Nick Kamen, avec sa
moue boudeuse de bogoss qui devait aimer se faire élargir la rondelle,
repassez-vous le 45-tours de son plus gros succès, « I promised
myself », et visionnez à nouveau la publicité Levis, où il se déshabille
dans une laverie devant une brochette de dindes ébaubies de sa plastique… Mais
ne regardez pas d’images récentes, vous courriez au-devant de déceptions cuisantes,
tant le Nick avait morflé…
Quant à lui, il incarnait dans l’inconscient populaire le
flic moderne et bien dans ses baskets, adepte de méthodes parfois musclées…
Yves Rénier, c’était bien évidemment le Commissaire Moulin, en pattes d’éph’ et
cols pelle à tarte puis en blouson de cuir, mais il fut aussi l’un des deux
Globe Trotteurs, série célèbre de l’ORTF, ainsi qu’un des personnages
principaux de Bélphégor, l’angoissante mini-série de 1965 qui eut un
retentissement notable à l’époque.
Et le 10 mai 1975 naît à Paris Olivier Delafosse, qui
connaîtra la célébrité en qualité de chanteur humoriste sous le pseudonyme
d’Oldelaf. Son titre phare est sans nul doute la fameuse
« Tristitude », contraction de tristesse et de solitude, un concept
original mis en chanson, dont la particularité est que l'on peut transformer
les paroles à sa façon… Par exemple ? La tristitude, c’est quand la Betty
Mars 2.0 risque de gagner l’Eurovision…