lundi 10 mai 2021

Brèves du 10 Mai 2021

« Mon amant me délaisse
O gué, vive la rose
Je ne sais pas pourquoi
Vive la rose et le lilas »
 
Vous avez certainement encore dans les oreilles cette antienne du dix-huitième siècle que Guy Béart remit au goût du jour dans les années 80 avec son inimitable grain de voix à décoller le papier-peint et ses interminables gratouillis de guitare…
 
La rose, on en bouffe à tous les repas depuis quelques jours, avec le quarantième anniversaire de l’élection de François Mitterrand, ce funeste 10 mai 1981 où un vaste geste d’inconscience populaire nationale porta à la Présidence de la République le premier socialiste du cru.
 
Souvenez-vous, l’expérience socialiste débutait, et le formidable espoir suscité par cette élection allait si vite retomber façon soufflé au fromage trop cuit qu’on crut presque à un crash-test grandeur nature de la France…
 
Le temps adoucit tout, et l’on célèbre avec tout le tralala nécessaire l’accession au pouvoir de Dieu… Documentaires complaisants, et rétrospectives teintées d’une émotion tout aussi frelatée que l’aréopage de courtisans courbés qui voletait autour de Tonton pour quémander une faveur, mendier une parole ou supplier un simple regard…
 
Il faut bien avouer qu’après le chuinteur de Chamalières, les présidents successifs n’ont pas précisément été des cadeaux pour la France… Le tringleur fou de Solutré, le croqueur de pommes, l’agité de l’épaule à talonnettes, le culbuto sudoripare et le jupitérien tambourineur de couscoussières hors d’âge… Vous parlez d’un palmarès !
 
Question palmarès, il faudra peut-être vous préparer mentalement à voir figurer au pinacle eurovisuel notre Betty Mars 2.0… La France est en effet en tête des pronostics à moins de deux semaines de la grande sauterie paneuropéenne, après une première répétition décevante de l’ex-grande favorite, Malte.
 
Faut dire que la maltaise a fait fort, dans tous les sens du terme… Chorégraphie putassière et présentation scénique à base de couleurs criardes et de costumes roses fluo… Quand on se présente avec un embonpoint plus que conséquent, on opte plutôt pour des costumes sobres et sombres, pas un attirail qui vous fait ressembler incontinent à des andouillettes fluo sponsorisées plein pot par Michelin…
 
Ne stressez pas non plus… Comme à l’accoutumée, on caracole en tête des pronostiqueurs, les répétitions sont immanquablement des succès phénoménaux, les bookmakers sont é genoux tellement ils furent touchés par la grâce, et au final, on se mange une gamelle mémorable dans le classement final… Alors, ne remisez pas encore Marie Myriam avec une grosse boule d’antimites dans la bouche…
 
La bonne nouvelle est que le Concours Eurovision aura bien lieu, et avec un public certes restreint, mais présent, ce qui octroiera une part de chaleur… Et qui permettra à certains fans de refaire coulisser le mortadelle à chantilly dans les coulisses, un sport national durant les semaines précédant le Concours…
 
L’autre bonne nouvelle, c’est le déconfinement annoncé par Jupiter himself… Avec évidemment toute l’impréparation flagrante qui préside à la gestion de crise depuis plus d’un an… Les seuils décrétés sont tout aussi incompréhensibles qu’une règle de jeu de Guy Lux… Rajoutez-y le trompeur sentiment d’impunité que procure l’injection du vaccin, et vous avez d’ores et déjà les ingrédients d’une nouvelle vague…
 
En parlant de nouvelle vague, en aurons-nous une couleur vert-de-gris au soir des régionales ? Marine Le Pen semble convaincue, et elle fourbit son argumentaire moisi pour ratisser au plus large, des bas de plafonds de son électorat habituel aux déçus de la Macronie… Et pour tenter de contrer le bouledogue blond, le pouvoir délègue dans le Nord un autre bouledogue, à peine moins homenasse que Marinette, mais avec du poil au menton et sous les bras, notre ursin Ministre de la Justice… Echanges d’amabilités sanglantes en vue…
 
Sinon, le reste de l’actualité est d’une banalité affligeante tant elle ressasse toujours les mêmes sujets au moins autant éculés que Beaugrand après quinze jours à Mykonos, à une lettre près…
 
Toujours des accusations d’agressions sexuelles lancées à la volée contre l’une ou l’autre personnalité médiatique… Cette fois-ci, c’est Eric Zemmour qui en fait les frais… Non mais sérieux ! Eric Zemmour ! La fouine fétide à la bobine émétique de rat musqué anémique… D’accord, vu sa tronche, il ne doit pas tringler tous les jours…
 
Toujours de vertigineuses dénonciations de la part des décérébrés de la cancel culture… Après les bouquins d’Agatha Christie, les BD d’Hergé, tous deux taxés de racisme inacceptable, et la mise à mort de Pépé le Putois, voici la Belle au Bois Dormant sous leurs fourches caudines, au prétexte que le baiser du Prince Charmant n’était pas consenti, puisqu’elle pionçait… Et désormais, pour la réveiller, on va employer une vuvuzela ? Quand on croit toucher le fond, il se trouve toujours quelqu’un pour dégainer la pelleteuse et creuser encore…
 
Pas besoin de s’employer aussi consciencieusement à détruire notre imaginaire enfantin, la camarde s’en charge, puisqu’elle a rappelé récemment à la Maison Mère Nick Kamen, ex-protégé de Madonna, à l’âge de 59 ans seulement… Pour celles et ceux qui auraient oublié qui était Nick Kamen, avec sa moue boudeuse de bogoss qui devait aimer se faire élargir la rondelle, repassez-vous le 45-tours de son plus gros succès, « I promised myself », et visionnez à nouveau la publicité Levis, où il se déshabille dans une laverie devant une brochette de dindes ébaubies de sa plastique… Mais ne regardez pas d’images récentes, vous courriez au-devant de déceptions cuisantes, tant le Nick avait morflé…
 
Quant à lui, il incarnait dans l’inconscient populaire le flic moderne et bien dans ses baskets, adepte de méthodes parfois musclées… Yves Rénier, c’était bien évidemment le Commissaire Moulin, en pattes d’éph’ et cols pelle à tarte puis en blouson de cuir, mais il fut aussi l’un des deux Globe Trotteurs, série célèbre de l’ORTF, ainsi qu’un des personnages principaux de Bélphégor, l’angoissante mini-série de 1965 qui eut un retentissement notable à l’époque.
 
Et le 10 mai 1975 naît à Paris Olivier Delafosse, qui connaîtra la célébrité en qualité de chanteur humoriste sous le pseudonyme d’Oldelaf. Son titre phare est sans nul doute la fameuse « Tristitude », contraction de tristesse et de solitude, un concept original mis en chanson, dont la particularité est que l'on peut transformer les paroles à sa façon… Par exemple ? La tristitude, c’est quand la Betty Mars 2.0 risque de gagner l’Eurovision…